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Pilule contraceptive : pourquoi j’ai choisi de vivre sans

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L’article qui suit au sujet de la pilule contraceptive n’est qu’un partage de mon expérience personnelle avec plusieurs années de recul, il ne s’agit en aucun cas de faire la promotion d’une vie sans contraception auprès d’un public plus jeune ou d’émettre un avis médical sur la question.

Maintenant que cela est dit, je vais préciser ce qui a motivé cet article qui n’est pas vraiment le sujet le plus funky à aborder, vu qu’il touche le personnel, voire même l’intime. C’est suite à une story instagram, enfin plutôt une réponse indignée d’une femme à une story Instagram d’@emanouelaa sur le sujet, que je me suis dit que le tabou autour de la pilule et de ses conséquences (néfastes) chez certaines femmes était bien trop sous-médiatisé, et qu’on érige la pilule comme la solution universelle (de contraception et d’autres maux hormonaux), qu’elle n’est absolument pas.

On pourrait presque dire sans prendre de risques qu’il y a une omerta sur le sujet, et d’ailleurs, celles qui ont tenté d’aborder ce point avec un gynécologue ont eu bien du courage, tant les réponses d’une bonne partie de ces professionnels de santé peuvent vous dégoûter.

Pourquoi j’ai commencé la pilule ?

A la différence de certaines copines de l’époque, ce n’était pas pour un problème d’acné que j’ai commencé la pilule microdosée au milieu des années 90, mais pour réguler mon cycle. Déjà que les menstruations sont chiantes, mais quand elles débarquent n’importe quand sans tellement prévenir (du moins sans avoir conscience des signes qui les annoncent) quand on est au lycée, c’est vite l’enfer.

Pour cette partie-là, la pilule qui m’avait été prescrite (et dont j’ai oublié le nom) faisait le job, sauf que les années passaient, je devenais une jeune femme active (professionnellement et sexuellement) et j’avais de plus en plus souvent des périodes d’aménorrhée (absence de règles). On pourrait vite dire « mais de quoi elle se plaint ? », mais ce n’est quand même pas l’idéal. Les pilules ayant progressé entre temps, mon docteur m’avait prescrit une autre pilule bien connue à cette époque-là. Je ne cite pas les marques, je pense que ça n’apporte rien au débat vu que ceci remonte aux années 2000.

pilule contraceptive

Une pilule aux effets pervers

On est en 2021, j’ai arrêté la pilule en 2005 (approximativement), et c’est des années plus tard que j’ai réussi à remettre en place toutes les pièces du puzzle pour comprendre à quel point la pilule avait impacté mon corps et mon cerveau de manière pernicieuse.

Si j’ose en témoigner aujourd’hui, c’est parce que cette contraception orale que l’on prend presque par habitude, sans trop se poser de questions quand on est une femme, aurait pu tout simplement me pousser à commettre l’irréparable. Elle ne m’aurait pas forcément tué directement par une maladie induite, mais elle m’a tellement détruite de l’intérieure que j’aurais pu en venir à me suicider.

Les mots sont forts, ils sont pourtant pesés, mais il m’a fallu du temps pour comprendre tout ça. Tout simplement parce que les effets secondaires ne sont pas si faciles à rattacher à ça. Bien sûr, le produit listait une série de risques, bien moindre à mon avis que celle que je viens de chercher et lire aujourd’hui pour cette même pilule. Il faut vraiment bien se connaître pour avoir le recul nécessaire pour se dire : « ce qui se passe en moi n’est pas normal, est-ce que la cause n’est pas ma pilule contraceptive ». Et franchement quand on est encore jeune (entre 20 et 30 ans), c’est difficile d’avoir ce recul.

Parce qu’habituellement le corps sait réagir à quelque chose qui ne lui convient pas, on est allergique à un aliment, le corps réagit en mode « action / réaction » (idem pour une intox alimentaire ou un rhume), bref notre corps est normalement un allié pour nous protéger. Sauf que certains effets de la pilule modifient doucement la chimie de notre corps, cela s’insinue progressivement en nous, ce qui fait qu’on ne voit pas vraiment venir le mur, et certains sont forcément un terreau plus fertile à ça que d’autres. C’est pour ça qu’il est difficile de généraliser, ce que j’ai vécu n’est pas ce qu’une autre aura vécu. Il y a peut-être des points communs, mais ce que j’étais avant la pilule, explique sûrement aussi comment cela m’a détraqué. Dans mon cas c’était finalement plus psychique, que physique, mais pour d’autres femmes ça sera l’inverse.

Bref avant d’arrêter la pilule, j’avais une libido à zéro (ce n’était même plus zéro, c’était presque du négatif), je m’étais enfermée dans une vie monacale sans aucune relation physique pendant 2 ans. Je ne faisais que bosser (2 boulots en même temps, dont un en horaires décalés, et des semaines à plus de 70 h de boulot), plus de loisirs, plus de sorties amicales (quelques potes virtuels au mieux), une alimentation plus qu’anarchique (quasi-anorexique, avec au pire une période à 40 kg pour 1m64). Moins je mangeais, plus mes sautes d’humeur m’entraînaient dans des états autodestructeurs, avec à la clé des céphalées, des vomissements, des étourdissements et une tension qui faisait le yo-yo, bref, le chaos en dehors de mon repère « boulot » (une vraie « workaholic » dont j’étais très fière).

femme triste

Le boulot en horaires décalés faisait qu’il était difficile de prendre la pilule à heure fixe et ce tous les jours (il n’y avait pas les rappels sur smartphone à l’époque), d’ailleurs je sautais de plus en plus des jours sur ma plaquette, c’était le bordel. Un jour, alors que j’aurais dû refixer un rendez-vous pour faire renouveler mon ordonnance, je me suis dit « mais pourquoi faire ? », clairement pas pour la contraception vu que je n’avais plus de vie sexuelle (d’ailleurs soyons cash, même pas d’envie de masturbation ou de désir pour un homme, nada !). C’est donc finalement cette combinaison de facteurs qui m’ont fait me sevrer de la pilule, et ce sans avis médical et sans aucune idée des effets que cela pourrait avoir, mais dans l’absolu vu dans l’état où j’étais, qu’est ce qui aurait pu être pire ?

Je revis … enfin !

Certain(e)s d’entre vous vont peut-être se dire que j’aurais dû en parler plus tôt au médecin qui m’avait prescrit cette pilule, que j’aurais dû en changer, etc, mais il aurait fallu être conscient que tout ceci venait de la pilule (vous savez ce sujet bien tabou), et comme beaucoup de femmes le premier réflexe quand ça va mal, c’est de cacher que cela ne va pas bien. On ment et on se ment. Oui, avec le recul, j’aurais dû en parler et peut-être en changer, mais pour mieux ou pour pire ? Car c’est finalement toujours le même risque et la même roulette russe, passer d’un effet secondaire à un autre, vaut-il mieux de la libido et de l’acné ou pas de libido et pas d’acné ? On en est hélas un peu réduite à ça (et encore aujourd’hui à ce que je lis)

Bref, j’ai arrêté complètement la pilule quand mon ordonnance est arrivée à expiration, je n’ai pas souvenir que ça ait eu des conséquences particulières sur ma santé. La question du sevrage, j’en ai entendu parler, mais pour ma part ça ne m’a pas marqué. Par contre, il n’a fallu que quelques mois pour que le printemps revienne dans mon corps (et mon esprit) après un hiver sans fin.

Et là … après plusieurs années sans libido, j’ai ressenti les premiers émois, et puis quelques semaines/mois plus tard, j’avais carrément la dalle (et ça ça ne m’a jamais vraiment quitté depuis). Vous imaginez la révolution aussi bien dans le corps que dans l’esprit. Reste que si la libido est revenue et les idées noires se sont atténuées, les troubles alimentaires sont restés bien ancrés encore un peu, il a fallu du temps, et finalement une installation en couple pour définitivement mettre au placard des années de mauvaises habitudes. Si prendre du poids est normalement une tannée, dans mon cas ça a été une délivrance.

Je ne vais pas non plus vous mentir en disant que je suis passée d’un extrême à l’autre, ce que je suis, fait que j’ai toujours quelques démons qui reviennent dans les périodes de doute ou de stress, mais en tout cas, ce n’est plus amplifié par la pilule, car c’est là où l’effet est pervers, c’est parfois juste un amplificateur de certains de nos maux, dur alors d’en repérer la cause. Depuis ces années, j’ai aussi appris à écouter plus attentivement mon corps, qui sait exprimer les choses, mais que l’on n’écoute absolument pas quand on est fâché avec, c’est aussi ça qui permis de prendre conscience de tout ça.

15 ans sans pilule contraceptive, mais alors comment je fais ?

Normalement, j’aurais dû remplacer la pilule par une autre méthode de contraception, notamment comme le stérilet, sauf que trouver un gynéco qui en pose sur des nullipares (femmes sans enfant) était une mission tellement compliquée à cette époque, que j’ai rapidement abandonné l’idée, même si elle est revenue de temps en temps en tête. Quant aux autres solutions, je n’avais pas l’impression que le bénéfice était là pour les femmes (versus les effets indésirables ou les contraintes).

préservatif

La solution la plus simple dans un premier temps, imposer le préservatif quand ma vie sexuelle a redémarré (sur les chapeaux de roue). Une solution de confort (pour moi) et de bon sens, car ne l’oublions pas si la pilule couvre 99% du risque de grossesse, elle ne protège absolument pas des MST ou du SIDA. Je fais quand même partie de la génération qui a grandi avec cette menace (qui existe toujours, mais qui se soigne beaucoup mieux).

Donc normalement dans toute nouvelle relation, le préservatif s’impose de lui-même. Et même dans certains cas dans une relation durable. J’ai eu de la chance de tomber sur un homme très compréhensif à ce sujet !

C’est d’ailleurs ce qui m’avait fait bondir dans la réaction d’une mère vis-à-vis de sa fille en réponse à Emanouelaa (on revient à l’introduction de l’article) qui accusait celle-ci de faire courir des risques de grossesses inconsidérés en parlant d’une vie sans pilule, parce que les adolescentes pourraient l’écouter et ne pas prendre de contraception orale (sachant qu’Emanouelaa n’aborde pas ces sujets à la légère et le fait avec le plus grand sérieux, ça m’avait soufflé). Cela m’a tellement fait bondir que ma première réponse à Emanouelaa a été de lui dire « que cette mère préfère donc potentiellement empoisonner sa gamine sciemment plutôt que de lui apprendre à avoir des relations sexuelles protégées pour en plus lui éviter des MST », on rêve.

Bref, j’approche maintenant de la quarantaine, j’ai fait le choix de continuer à me passer de contraception féminine, un choix qui n’est pas sans risques (oui j’ai dû prendre la pilule du lendemain à quelques rares occasions tout au long de ces 15 années), il faut en être consciente, mais un choix qui me permet de vivre en meilleure harmonie avec mon corps. Je ne m’érige absolument pas en modèle parfait, chaque situation est différente, et il faut s’informer pour peut-être trouver l’alternative la plus pratique qui s’adaptera au mieux à votre vie, en attendant peut-être un jour que les hommes aussi prennent la pilule (vous aurez remarqué que le sujet avance quand même beaucoup moins vite quand il s’agit de la pilule masculine ?).

Bref si vous êtes fumeuse, si vous avez des petits soucis de santé (ou plus gros), si vous avez une santé mentale fragile, attention la pilule n’est pas votre amie, où du moins plutôt elle est de celles qui vous poignardent dans le dos à la moindre occasion, ne lui faites pas une confiance aveugle !

Sigma (ou sigma_me sur les forums et réseaux sociaux) hante le web depuis plus de 20ans. Geekette et passionnée par l'univers automobile, elle aime aussi les bonnes choses de la vie, ce qui donne ce drôle de mélange sur deroutante-sigma.fr

1 Comment

  1. Bravo pour ce rédactionnel très intéressant. Venant de la part d’une jeune femme, c’est un sujet difficile à aborder. Un aspect de toi que je ne connaissais pas. Un choix quand même compliqué et risqué. J’ai bien reconnu ta façon de t’exprimer sur les sites auto. Prends soin de toi. Bises

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